Résumé: La grand-mère de Clémence souffre de la maladie d’Alzheimer. Face à son désespoir, elle prend la décision de l’enlever de la maison de retraite et de prendre la route en quête de l’hypothétique maison d’enfance de sa mamie. Une fuite, une quête, un égarement, l’occasion de se retrouver ? A moins que ce ne soit plutôt des adieux…
Mon avis: Il y a parfois des histoires qui vous marquent plus que d’autres. Il y a des pépites. Des vraies. De celles qui vous hantent pendant des semaines. Des mois même. C’est mon cas avec ce roman graphique. Et j’y pense encore chaque jour.
Ne m’oublie pas. C’est ce qu’essaye de répéter sans cesse Clémence à sa grand-mère atteinte de la maladie d’Alzheimer. Le quotidien de Clémence est fait de doute et de peur. Celui de sa grand-mère: de doute et de peur aussi, mais pas pour les mêmes raisons. Ou peut-être que si en fait. La maladie est déjà là, bien installée au chaud. Elle ronge petit à petit le quotidien de cette femme qui a vécue une vie incroyable. Qui a passé des instants mémorables. Désormais résidente d’une maison de retraite, il est loin le passé. Son passé. Mais Clémence n’en peut plus. Elle voit bien que sa grand-mère veut fuir. Fuir ce quotidien qui lui fait peur. Fuir ce futur qui est déjà tout tracé pour elle. Elle a beau ne plus avoir toute sa tête, elle est consciente de ce qui l’attend. Alors Clémence décide de fuir. De partir loin. Avec sa grand-mère, elle fugue. Littéralement. Les deux femmes partent. Où ? Elles ne le savent pas encore. Enfin…pas tout à fait. Sur les routes de Belgique, elles vont faire un road-trip vers le passé, histoire de se souvenir.
« J’ai jamais dit à maman ce que j’avais à lui dire. Alors que j’en ai eu maintes fois l’occasion. « Trop tard » arrive plus vite qu’on ne le croit. Promets-moi de ne jamais oublier ça, Clémence. »
Ce qui m’a touché avec cette histoire, c’est la justesse des mots. Ils sont parfois violents, parfois doux. Ils sont surtout remplie d’une vérité certaine. Clémence veut le bien de sa grand-mère. Elle ne veut pas forcément qu’elle retrouve la mémoire. Parce qu’elle sait. Mais elle veut que sa grand-mère n’oublie pas tout ce qui l’a marquée. Clémence a mal. Profondément et définitivement. La maladie d’Alzheimer bouffe la vie des malades, mais aussi des proches. Et Clémence, elle n’en peut plus. Sa grand-mère, elle, va vivre une aventure hors du commun. Comme une seconde jeunesse, cette vieille femme va respirer à nouveau, sortir sa tête de l’eau. Malgré les souvenirs qui s’effacent, malgré cette foutue maladie.
Ne m’oublie pas est un roman graphique qui vous prend aux tripes dès le début. On n’en sort pas sain et sauf. On en sort grandi. On en sort en pleure. De joie et de tristesse. On en sort avec de l’espoir, un soupçon de vie et d’amour. L’histoire de Clémence et sa grand-mère est l’histoire de millions de personnes dans le monde. La maladie efface et enlève la mémoire, mais la personne reste et c’est sûrement ça qui fait le plus de mal. Perdre un être cher est la pire chose au monde. Je pense qu’on en est tous conscient et qu’on l’a quasiment tous vécu. Et cette peur que ressent Clémence tout au long de l’histoire, je m’y suis identifiée. Les paroles de Clémence, de sa grand-mère, des médecins, et même de sa mère, vous font prendre conscience que la vie est, de loin, une chose incroyable et qu’il faut profiter de chaque instant. Ne m’oublie pas c’est plus qu’un simple roman graphique, c’est celui de nos vies.
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