Résumé: Toulouse, 21 septembre 2001.
Léon a 17 ans, un chagrin d’amour et une famille disloquée depuis le divorce de ses parents.
Sa soeur Frida, 22 ans, est en colère. Contre tout le monde, tout le temps.
Dans leur ville touchée par l’une des plus grandes catastrophes industrielles du XXIe siècle, tous deux tentent de réparer les liens. De reconstruire leur monde sous un jour nouveau
Mon avis: Je pense que j’avais besoin de ce roman pour me remettre pleinement à la lecture. Et je dois avouer que c’est une véritable petite pépite. De celles qu’on doit absolument lire !
L’adolescence c’est pas la fin du monde. C’est juste un sale moment à passer. On ne veut écouter rien n’y personne. On ne s’aime pas. On déteste la terre entière. On est tout le temps en colère. On déteste l’amour. Et on l’aime aussi. Parce que c’est la période des premières fois. Des premiers regards, des premiers bisous, des premières caresses aussi. Et Léon vient de vivre son premier chagrin d’amour. Il est dévasté, dégouté. Il a l’impression qu’on l’a amputé d’un membre. Et avec le divorce de ses parents, ça n’arrange rien. Alors Léon se sent terriblement seul. Et puis il va y avoir cette explosion. Léon est dehors, seul. Il y a d’abord un bruit marquant. Comme un si un avion venait de passer le mur du son. Il y a le souffle. Chaud. Il y a les morceaux. Partout. Il y a Léon au milieu de la chaussée. Il est perdu. Ce n’est plus son coeur qui est en miette, mais la ville entière.
« Déposer leur père à la maison, les larguer en douceur et puis rentrer chez lui. Prendre une douche, frotter toute la crasse accumulée, et se coucher dans son lit, loin de cette folie. Réfléchir et peut-être téléphoner à Julie. Pas pour s’excuser, non, juste vérifier qu’il ne lui était rien arrivé. Où pouvait elle bien se trouver aujourd’hui ?
Penser au détachement. Ne pas s’investir, ne pas aimer.
Elle pouvait être là où le vent l’avait portée, il n’y accordait aucune importance. »
Sa sœur Frida, elle, n’a plus rien d’une adolescente et pourtant. Elle a tout pour elle. Mais aujourd’hui, elle est en colère. Contre ses parents. Contre elle même. Contre ce quotidien pas toujours facile. Contre tout. L’âge adulte n’est pas toujours tout beau et tout rose. Et Frida est complètement perdue dans sa tête. En ne sachant pas qui elle est vraiment, elle ne pas avancer. Et c’est en essayant de se trouver qu’elle va comprendre. Elle n’est peut-être pas celle qu’elle prétend être. Elle est bien plus qu’une simple image d’une fille lisse et parfaite. Elle est plus importante, plus compliquée aussi. Alors que l’usine d’AZF explose, son coeur suit aussi la cadence. C’est violent. C’est intense. Et c’est peut-être le moment d’un renouveau.
« Passé le portail ,Frida s’immobilisa. Pas longtemps, le temps de décider que ce qu’elle voyait n’était pas important. Elle devait avancer sans tenir compte des images: les vitrines explosées, les blocs de béton, de métal, elle ne savait pas, des débris aussi gros que des armoires, tombés des immeubles aux façades arrachées. Un homme avec un bandage de fortune sur la jambe. Un chien boiteux, la patte ensanglantée »
Rachel Corenblit nous livre un récit poignant et fort sur la catastrophe de l’usine AZF en 2001 à Toulouse. La plupart des personnes qui liront ce livre n’étaient peut-être même pas née au moment de la catastrophe. Personnellement, j’en garde de vague souvenirs. Pas parce que j’étais trop jeune, mais parce que 10 jours avant avaient lieu les attentats du 11 septembre aux USA et que même 21 plus tard, ça reste un immense traumatisme pour moi. Je ne pense pas que ce livre a pour but de raviver la mémoire. Mais cette histoire montre à quel point une catastrophe peut TOUT changer. Elle peut nous changer complètement, mais également changer la face de notre pays, monde et des personnes qui nous entourent. Ca restera l’une des plus grosses catastrophes française jamais vécues et Rachel Corenblit écrit avec brio et justesse une histoire poignante.
Pas la fin du monde fait parti de ces livres à lire de toute urgence. Pas pour son style, pas parce qu’il sort de l’ordinaire. Mais parce qu’il est sincère. On sent le vécu. On sent que ça a été marquant. Les toulousains de l’époque ont vécu cette catastrophe tellement traumatisante, qu’encore aujourd’hui, on en parle. Rachel Corenblit nous rappelle que les liens familiaux sont immuables. On aura beau tout faire pour passer outre, il y aura toujours CET élément qui va tout changer. Pas la fin du monde est un récit fort sur la famille, la déception, l’amour, la colère et la vie. C’est beau. C’est vrai. C’est à lire et à relire !